Bilan BIOFACH 2024

Où commence le bio ? Dès la sélection et les semences! « Cette idée est nouvelle pour beaucoup de gens mais pour les exposants du « Point de rencontre Sélection bio », c’est une évidence », explique Anna-Lena May, cheffe de projet chez bioverita. Afin de sensibiliser le plus grand nombre que le bio ne commence pas seulement par la culture sur des surfaces certifiées bio, mais bien par le processus de sélection des plantes, le slogan « Où commence le bio ? Dès la sélection et les semences! » étaient visibles sur le grand stand commun de sélection biologique.

De nombreux visiteurs ont pris le temps de s’arrêter pour y lire le message, ont écouté les arguments partagés et ont cherché le dialogue lors de nombreuses occasions.

Message clair au dos du stand

Forte présence commune

Cette année, 15 co-exposants étaient représentés au « Point de rencontre Sélection bio » : outre des institutions telles que l’Organisation faîtière pour la sélection végétale biologique en Allemagne, l’Institut de recherche pour l’agriculture biologique (FiBL), l’Institut  bavarois pour l’agriculture (LfL) et le Seed Fund, six autres initiatives de sélection biologique différentes en Allemagne, en Suisse et aux Pays-Bas étaient présentes. Celles-ci étaient accompagnées de six autres entreprises semencières qui produisent et commercialisent des semences biologiques et des plants de légumes et de céréales.

L’équipe de bioverita fournissait des informations sur les partenariats commerciaux avec les grossistes bio et les entreprises de vente directe. Pour la première fois, le stand était divisé en trois îlots thématiques : sélection/recherche biologique, commercialisation des semences et partenariats commerciaux. «Cela nous permet de rendre visibles sur un même stand différentes étapes de la chaîne de valeur des variétés issues de la sélection bio», a déclaré Markus Johann, directeur général de bioverita.

Roberta Turoldo (FiBL) et Lucia Holmer (LfL) sur l’îlot thématique consacré à la sélection

Espace fertile pour des échanges intenses

Plusieurs groupes inscrits, tels que les dirigeants des régions modèles bio de Bavière, ont visité le stand organisé par l’Association bavaroise pour l’agriculture biologique (LVÖ) et l’Institut bavarois pour l’agriculture. En outre, les visiteurs du salon ont pu participer spontanément à l’une des six visites guidées du stand. Divers experts présentaient leur domaine de prédilection, répartis entre les thèmes de la sélection végétale, du commerce des semences ou de leur commercialisation et étaient disponibles pour répondre aux questions. « Un format qui fait ses preuves », a déclaré Charlotte Aichholz de Sativa Rheinau AG, qui a présenté ses projets de sélection lors de plusieurs visites guidées.

« Les participants ont pu poser des questions, ce qui a donné lieu à un échange très intense », a-t-elle ajouté. Comment rendre visible et tangible la qualité particulière des variétés biologiques – rien de mieux qu’à travers des dégustations! Outre les pommes, les carottes, le chou-rave, les panais et la betterave rouge, il était également posible de déguster sur le stand du pain composé de 70 % de blé Wiwa biologique.

Pain avec 70% de blé Wiwa

La production d’aliments sans OGM menacée

Un autre sujet non seulement présent au « Point de rencontré Sélection bio », était également prédominant dans de nombreuses discussions au salon de la Biofach : la menace sur la production d’aliments sans OGM en Europe. À peine une semaine avant le salon (le 7 mars 2024), la Commission européenne a voté en faveur de la déréglementation des nouvelles technologies génétiques (NGT). En conséquence, les plantes génétiquement modifiées pourraient à l’avenir être cultivées sans inscription ni contrôle. Cela signifierait que le principe de précaution et l’évaluation des risques auparavant applicables seraient remis en cause.

La dernière étape, l’approbation du Conseil des ministres de l’UE, est toujours en attente et est – heureusement – ​​ actuellement considérée comme peu probable. Néanmoins, le danger n’est pas écarté. La culture sans OGM, telle qu’elle est pratiquée en agriculture biologique, pourrait devenir impossible dans un avenir proche. Les sélectionneurs biologiques en Europe seraient particulièrement touchés, car l’accès au matériel de sélection libre de modifications génétiques serait sévèrement restreint.

Visite guidée au « Point de rencontre Sélection bio »

Conséquences de la déréglementation pour la filière biologique

Dans le cadre du salon de la Biofach, un événement organisé par le Bundesverband Naturkost Naturwaren e.V. (BNN) fut organisé le 15 mars 2024 sur « l’évaluation de l’impact des nouvelles technologies génétiques sur la filière biologique ». Martin Häusling (agriculteur et député européen Verts/ALE) y résume les résultats d’études menées par l’Office fédérale de protection de la nature (BfN) et l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation  (Anses) : « On prétend à plusieurs reprises que les NGTs s’apparentent à de la sélection classique. Mais les plantes génétiquement modifiées constituent une menace pour l’environnement, la biodiversité et la santé humaine. »

Il a également insisté sur la nécessité de développer un autre type d’agriculture au lieu de vouloir modifier les plantes. C’est à ce moment-là que la sélection végétale biologique entre en jeu. Barbara Maria Rudolf (membre du conseil d’administration de l’organisation faîtière de la sélection végétale biologique en Allemagne et de l’association Saat:gut e.V.) a décrit lors de l’événement la sélection végétale biologique comme une alternative au génie génétique : « Il est bien plus sage de travailler avec la nature et avec les systèmes naturels. Nous [en tant que sélectionneurs bio] laissons la plante suivre son cycle, nous ne voulons pas la façonner par la force. Les NGTs nous poussent vers une impasse. »

Table ronde organisée par le BNN

De belles expériences avec les variétés issues de la sélection biologique

Dans le même temps, elle a rappelé que la sélection biologique reste massivement sous-financée. La filière biologique n’a pas encore compris qu’elle a besoin d’investir davantage dans la sélection et le développement de variétés biologiques pour que l’agriculture biologique devienne plus indépendante. « Si une législation catastrophique arrive, tout le monde devra soudainement recourir à des variétés biologiques. Nous aurons alors un problème de disponibilité, qu’il faudra construire petit à petit au fil des années. » Boris Voelkel s’est montré d’autant plus encourageant.

Sur le podium, il a partagé une décision stratégique du fabricant de jus Voelkel. Il y a dix ans, l’entreprise a décidé de cesser d’utiliser des variétés hybrides pour la production de jus de légumes et de s’appuyer plutôt sur des variétés fixes et reproductibles. Au départ, de nombreux producteurs ainsi que les employés de Voelkel chargés de la transformation, de la vente et du marketing s’y étaient opposés. Voelkel a déclaré que les ventes de jus ont augmenté de manière disproportionnée depuis lors et a ajouté : « Je voudrais encourager tout le monde. Osez les variétés biologiques. Ils ont une grande vitalité et possèdent des propriétés bien plus intéressantes. Vous serez convaincus par leur qualité ! »

Légumes issus de la sélection bio

Un petit film donne une impression de l’ambiance au « Point de rencontre Sélection bio » :

Photos: Photo 5 K. Heinze, Photo 6 J. Cammerer, rest bioverita
Film: Leonard Osterhaus